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Son aire de répartition s'étend à quasiment toute l'Europe, l'Asie mineure et la Sibérie. Elle est présente partout en
Slovénie, dans les bois ombragés et humides.
Les nombreux noms vernaculaires slovènes alertent sur sa forte toxicité :
črna bil, hudičevo oko, hudoglidje, kačja
jagoda…
Le nom de genre latin
Paris
viendrait de la répartition symétrique des feuilles vertes et des divisions de la fleur (
par
=
pareil) ; l'explication mythologique veut que la plante ait obtenu son nom du prince troyen Pâris. La baie bleue est la
pomme, les quatre feuilles sont les déesses Héra, Athéna, Aphrodite et le prince Pâris.
Parnassia palustris
L. subsp.
palustris
– Parnassie des marais
»Vers la fin de l'été, une adorable fleur, tout à fait simple et magnifiquement
faite, apparaît en grand nombre dans les prés. Elle est rayonne d'humeur
poétique et les amis des fleurs lui vouent une estime toute particulière. Au
milieu de la touffe de feuilles en cœur de la base s'élève une petite tige grêle
munie d'une unique feuille en cœur et terminée par une fleur solitaire étoilée
admirablement conçue et de très grande taille, blanche comme la neige, qui
exhale un doux parfum lorsque le soleil brille«. C'est dans ces termes poétiques
que Ferdinand Seidel décrivit en 1918 la parnassie des marais dans son carnet
Rastlinstvo naših Alp
(»La flore de nos Alpes«).
Les feuilles basales sont en cœur et longuement pétiolées. La parnassie des
marais ne possède qu'une feuille caulinaire sessile avec une base en cœur. Les fleurs sont solitaires et terminales. Le
périanthe comporte deux et cinq divisions. Les pétales sont ronds, ovoïdes, et blancs, munis à la base d'une écaille
nectarifère à long cils glanduleux.
Son aire de répartition couvre les Alpes, mais elle croît également dans le nord de l'Afrique, dans toute l'Europe jusqu'à
la Sibérie. En Slovénie, elle est présente dans les prairies humides et les marécages, de l'étage planitiaire aux hautes
montagnes.
Le nom latin de la plante provient de la résidence des muses, le mont Parnas (2459 m). Avant que la nomenclature
binominale de Linné ne s'impose, la parnassie portait le nom de
Gramen Parnassi
– herbe du Parnas. Cette plante ne
porte pas beaucoup de noms vernaculaires slovènes. Seidel la surnommait srčnica, mais on trouve également les noms
enoperka, gospojšnica
et
šmarnica
.
En 1992, Darinka Soban écrivit un article dans la revue Proteus au sujet de la parnassie des marais, et du roman
Cvetje v
jeseni
(»Les fleurs de l'automne«) de Tavčar. »L'étoile blanche de tuniques du Christ«, qui brillait sur la poitrine de
Meta, était composée de parnassies des marais (tuniques du Christ) blanches comme la cire. Mais dans la célèbre série
télévisée adaptée du roman, Meta serre contre sa poitrine une colchique violet pâle ! Alors qu'Ivan Tavčar avait
clairement écrit :
»Quelque chose de blanc fleurissait à proximité«.
La parnassie des marais n'est pas seulement annonciatrice de l'automne dans le cycle infini de la nature, mais aussi dans
la symbolique :
»Je suis ainsi : en fleurs maintenant avant l'hiver, en qu'en adviendra-t-il ? La fleur tombe et il n'en adviendra rien...«
Physoplexis comosa
(L.) Schur – Physoplexis chevelue
»La physoplexis chevelue est l'une des plantes les plus élégantes de la flore
alpine. Il est vain de chercher à comprendre comment une fleur d'une telle
beauté peut naître de la roche nue«se demande Tone Wraber dans l'ouvrage de
Luka Pintar
Rože na Slovenskem
(Fleurs de Slovénie).
La physoplexis chevelue est une relique de la flore tertiaire. Elle était présente
dans les Alpes avant l'ère glaciaire. En Slovénie, elle pousse dans les fissures de
roches à l'étage montagnard dans les Alpes Juliennes : dans la vallée de la
Koritnica, sur les pentes du mont Mangart, de Ruševa glava et de Loška stena,
dans la vallée de la Možnica, à Beli potok sous Kriški podi, dans la vallée de
Vrata et sous le mont Stenar. La seule station dans les Karavanke se trouve dans
la vallée du ruisseau Belca sous le mont Kepa.
On la trouve aussi dans les Alpes calcaire méridionales, du lac de Côme en Italie jusqu'aux Alpes Juliennes et aux
Karavanke occidentales, plus au nord elle vit aussi en Carinthie et au Tyrol en Autriche.
Potentilla erecta
(L.) Raeusch. – Potentille dressée
»Lorsque la mère de Dieu s'enfuit en Égypte avec le fils de Dieu, Jésus tomba gravement malade. Ils se trouvaient au
milieu du désert nulle part l'on ne pouvait trouver aucun médicament. Dans l'urgence extrême, la mère cueillit une petite
fleur et la tendit au garçon : "Mords, tu iras mieux", dit-elle. Et la maladie se dissipa vraiment. Comme la mère de Dieu
ordonna à Jésus de mordre cette fleur, elle est encore aujourd'hui surnommée la morsure de Marie.«
Cette légende a été conservée dans la riche tradition populaire et nous explique d'où vient le surnom slovène de la
potentille dressée (
Potentilla erecta
). C'est une plante herbacée vivace dotée de tiges dressées et pubescentes de 10 à 40
cm de haut, pourvues de feuilles trilobées et de fleurs jaunes à quatre pétales. Le rhizome mesure jusqu'à 3 cm